Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/68

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s’y sont disputé l’empire. Chez les Égyptiens, les Étrusques, les Grecs même, etc., la caste des guerriers, par exemple, a lutté contre celle des prêtres ; ailleurs, l’esprit de clan contre l’esprit d’association libre, le système aristocratique contre le système populaire, etc. Mais c’est à des époques anti-historiques que se sont passées, en général, de telles luttes ; il n’en est resté qu’un vague souvenir.

La lutte s’est reproduite quelquefois dans le cours de la vie des peuples ; mais, presque toujours, elle a été promptement terminée ; l’une des forces qui se disputaient l’empire l’a promptement emporté, et a pris seule possession de la société. La guerre a toujours fini par la domination, sinon exclusive, du moins très prépondérante, de quelque principe spécial. La coexistence et le combat de principes divers n’ont été, dans l’histoire de ces peuples, qu’une crise passagère, un accident.

De là est résulté, dans la plupart des civilisations antiques, une simplicité remarquable. Elle a eu des résultats très différents. Tantôt, comme dans la Grèce, la simplicité du principe social a amené un développement prodigieusement rapide ; jamais aucun peuple ne s’est déployé en aussi peu de temps, avec autant d’éclat. Mais après cet admirable élan, tout à coup la Grèce a paru épuisée ; sa décadence, si elle n’a pas été aussi rapide que son progrès, n’en a pas moins été étrangement prompte. Il semble que la force créatrice du principe de la civilisation grecque fût épuisée. Aucun autre n’est venu la réparer.

Ailleurs, dans l’Égypte et dans l’Inde, par exemple, l’unité du principe de la civilisation a eu un autre