Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/264

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répondre à tout par la raison, de suffire à tout par la vertu. Leur tâche est difficile ; que leur influence habituelle soit salutaire, que leur conduite générale tende au bien ; nous n’avons pas droit d’espérer ni de prétendre davantage.

Mais serait-il donc défendu de reconnaître qu’il est des temps où la justice est une habileté savante et la morale une force utile ? Je n’exige point qu’on fasse violence aux faits, ni que l’intérêt du pouvoir soit compromis. Je désire seulement que l’inhabileté, la légèreté, la passion ne se croient pas dispensées de ce qui est juste, quand ce qui est juste est à la fois profitable.

Depuis trente ans l’injustice et la force ne se sont pas épargnées sur notre terre. Elles l’ont possédée à leur aise et exploitée à leur gré. Je ne sache pas que cela leur ait réussi, et nous savons ce qu’il nous en a coûté.

La situation du gouvernement du roi est singulière. Son rétablissement n’a été l’ouvrage d’aucun parti. La révolution s’en est alarmée. La contre-révolution n’en a pas été satisfaite. La restauration s’unissant à la charte, a entrepris de gouverner à la fois, selon la raison et l’équité, deux puissances qui n’avaient cessé de se faire la guerre.