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L’ÉDUCATION
SENTIMENTALE.

(version de 1845[1].)

I

Le héros de ce livre, un matin d’octobre, arriva à Paris avec un cœur de dix-huit ans et un diplôme de bachelier ès lettres.

Il fit son entrée dans cette capitale du monde civilisé par la porte Saint-Denis, dont il put admirer la belle architecture ; il vit dans les rues des voitures de fumier traînées par un cheval et un âne, des charrettes de boulanger tirées à bras d’homme, des laitières qui vendaient leur lait, des portières qui balayaient le ruisseau. Cela faisait beaucoup de bruit. Notre homme, la tête à la portière de la diligence, regardait les passants et lisait les enseignes.

Quand, après être descendu de voiture, avoir payé sa place, avoir fait visiter ses paquets par l’employé des contributions indirectes, s’être choisi un commissionnaire et décidé enfin pour un hôtel, il se trouva tout à coup dans une chambre vide et inconnue, il s’assit dans un fauteuil et se prit à réfléchir au lieu de déboucler ses malles et de se laver la figure.

  1. Cette œuvre n’a rien de commun avec celle publiée en 1869. Elle est en vérité le premier roman qu’ait composé Flaubert. Commencée en février 1843, elle fut reprise en septembre et octobre de la même année, puis achevée de mai 1844 à janvier 1845. Des Fragments ont été publiés par la Revue de Paris, du 15 novembre 1910 au 15 janvier 1911.