Page:Gustave Flaubert - Trois contes.djvu/103

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line à trois cordes ; puis, lui posant sur l’épaule ses deux mains jointes, disait d’une voix timide :

— Qu’avez-vous donc, cher seigneur ?

Il ne répondait pas, ou éclatait en sanglots ; enfin, un jour, il avoua son horrible pensée.

Elle la combattit en raisonnant très bien ; son père et sa mère, probablement, étaient morts ; si jamais il les revoyait, par quel hasard, dans quel but, arriverait-il à cette abomination ? Donc, sa crainte n’avait pas de cause, et il devait se remettre à chasser.

Julien souriait en l’écoutant, mais ne se décidait pas à satisfaire son désir.

Un soir du mois d’août qu’ils étaient dans leur chambre, elle venait de se coucher et il s’agenouillait pour sa prière quand il entendit le jappement d’un renard, puis des pas légers sous la fenêtre ; et il entrevit dans l’ombre comme des apparences d’animaux. La tentation était trop forte. Il décrocha son carquois.

Elle parut surprise.

— C’est pour t’obéir ! dit-il, au lever du soleil, je serai revenu.

Cependant elle redoutait une aventure funeste.

Il la rassura, puis sortit, étonné de l’inconséquence de son humeur.

Peu de temps après, un page vint annoncer