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l’Hospitalier. Mérimée n’a rien fait de plus vigoureux, ni de plus achevé que ces deux récits. M. Flaubert s’est trouvé poète à son insu et presque malgré lui par l’intensité de la vision artistique. On a fait tant d’éloges mérités de la première nouvelle, Un Cœur simple, que je puis bien lui préférer encore, sans faire tort à l’auteur, La Légende de Saint Julien l’Hospitalier. L’auteur dit qu’il a trouvé cette légende sur les vitraux d’une vieille église de Normandie. Il l’a lue avec bonne foi et simplicité. Ses tableaux sont tellement saisissants, chaque trait est si juste, la fantaisie et le merveilleux se marient si heureusement avec l’observation exacte de la réalité que l’on finit même par oublier ce qu’il y a de trop rigoureusement voulu et dans la composition et dans le style de l’écrivain. Il y a là un tableau de chasse fantastique et un récit de la mort du saint qui comptent parmi les plus belles pages de français écrites depuis de longues années.


Le Moniteur, 28 avril 1877.

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L’orateur (M. F. Sarcey) du boulevard des Capucines assimile Hérodias à La Tentation de Saint Antoine. Il n’a pas plus compris l’un que l’autre de ces ouvrages ; il n’en distingue pas le but ; il n’en reconnaît pas l’utilité ; il se demande pourquoi ils ont été écrits.

En revanche, La Légende de Saint Julien l’Hospitalier, et surtout Un Cœur simple, ont séduit la critique. La vie extraordinaire de saint Julien l’Hospitalier a été recueillie par l’auteur dans une humble église de village normand, sur un vitrail du temps où on écrivait l’histoire sur le verre. Elle lui a servi de prétexte à une fort belle étude sur l’homme dominé par la passion du sang.

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M. Flaubert est un maître qu’il faut étudier ; tous les écrivains de l’école qu’il a créée ont bénéficié de sa méthode descriptive, bien différente, quoi qu’on en ait dit, de celle de Balzac.

Le grand Balzac sculptait le cadre au milieu duquel l’action devait se dérouler, avant d’avoir fait entrer en scène ses héros.