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rer seule avec lui pendant des soirées entières, causant et l’écoutant parler.

Elle prenait goût à cette vie intime qu’il lui révélait, à ce contact incessant avec un esprit agréable, éclairé, instruit, et qui lui appartenait, dont elle était aussi bien la maîtresse que des petits bibelots qui traînaient sur sa table. Elle lui abandonnait également peu à peu beaucoup d’elle-même, de sa pensée, de sa secrète personne, en ces confidences affectueuses qui sont aussi douces à faire qu’à recevoir. Elle se sentait avec lui plus libre, plus sincère, plus découverte, plus familière qu’avec les autres, et l’en aimait davantage. Elle éprouvait aussi cette impression chère aux femmes de donner vraiment quelque chose, de confier à quelqu’un tout le disponible d’elle, ce qu’elle n’avait jamais fait.

Pour elle c’était beaucoup, mais pour lui c’était peu. Il attendait, il espérait toujours la grande débâcle définitive de l’être qui livre son âme dans ses caresses.

Les caresses, elle semblait les considérer comme inutiles, gênantes, plutôt pénibles. Elle s’y soumettait, non pas insensible, mais vite lassée ; et cette lassitude sans doute éveillait en elle de l’ennui.

Les plus légères, les plus insignifiantes, semblaient même la fatiguer et l’énerver. Quand, tout en causant, il s’emparait d’une de ses mains pour baiser ses doigts, qu’il gardait un peu, l’un après l’autre, entre ses lèvres, les attirant par une petite aspira-