Page:Guyon - Histoire d’un annexé (souvenirs de 1870-1871).djvu/85

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nous a logés dans de grandes baraques, où tiennent bien cent soldats.

Une simple palissade, formée de gros pieux et de fils de fer, marque la limite de notre prison. Nous sommes gardés par des postes composés de cavaliers, tantôt des uhlans, tantôt des dragons.

De notre cour boueuse, je puis voir les deux vallées du Rhin et de la Moselle, avec les montagnes boisées du Hondsrück et du Taunus. Mais c’est surtout vers la vallée de la Moselle que je regarde sans cesse, parce que je pense :

Ils sont là-bas, bien loin, et ces eaux bleues ont coulé près d’eux !

Il y a beaucoup de prisonniers à Coblentz et on nous laisse difficilement sortir en ville. Pour moi, je n’y tiens pas, et je préfère rester seul et penser à vous !

Écris-moi bientôt, ma bonne mère, et dis-moi que