Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/265

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— Comment, répond-il, qui peut nier l’évidence des chiffres ? y a-t-il quelque chose de plus certain ? est-ce que deux et deux ne font pas quatre ?

Très-bien, tout cela ; loin de moi de nier que deux et deux font quatre ; mais cette vérité ne me prouve pas l’évidence de tous les calculs passés, présents et à venir ; les chiffres se trompent comme tout le monde, de bonne ou de mauvaise foi.

Vous connaissez tous le proverbe : faux comme une statistique. Qu’est-ce pourtant, si ce n’est un calcul ? Eh bien ! grâce à elle, voici à quel résultat on arrive. Si vous voulez, je vais vous faire trois pages de calcul pour vous démontrer..... vous avez peur et j’arrive tout droit au résultat.

L’illusion statistique dont je vous parle a été signalée par M. Tourret, à la Chambre des députés, en 1841 ; les partisans du passé l’invoquaient pour prouver qu’il y avait diminution dans la consommation de la viande et crier :

— « Vantez donc le progrès ! voyez à quel résultat il arrive ! La consommation moyenne de la viande est diminuée ; le peuple en mange moins qu’autrefois ! Vive le bon vieux temps ! voilà un argument que vous ne pouvez pas réfuter : ce sont des chiffres, cela ! »

Le fait prouve comme quoi un calcul très-juste par lui-même, qui présente un aspect invincible, peut être faux en réalité. Et cependant sur les lois antérieures et sur les calculs se basent tous les savants ; voilà par quels moyens ils réfutent toutes les inventions. Il faut entendre les mathématiciens, les élèves de l’École polytechnique vous démontrer par A +B que telle chose ne peut pas être : la chose a eu lieu la veille ; qu’importe ? c’est la nature qui est dans son tort, mais pas le calcul.

Tout dépend de la différence des points de vue.

« Les mathématiques, dit M. G. Flourens, ne possèdent point, comme on le suppose, la vérité infuse ; si elles n’é-