Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/414

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leurs forces à l’emploi des ponts suspendus qui, s’ils ont beaucoup d’inconvénients, n’en rendent pas moins, dans certains cas, d’immenses services.

En guerre, quand une invention est trop destructive, les généraux la repoussent : ce n’est qu’avec le plus grand regret qu’ils voient l’introduction de nouveaux engins ; la poudre à canon a gâté la guerre, la vapeur a gâté la marine : depuis la poudre, il n’y a plus de beaux coups d’estoc et de taille à donner, de ces luttes homériques où on se mesurait corps à corps ; depuis la vapeur, il n’y a plus de ces belles manœuvres si difficiles à exécuter qui faisaient la joie du marin quand il s’agissait de virer de bord ou de serrer le vent au plus près.

Aussi comprend-on promptement la réponse du maréchal Soult à un jeune homme qui lui proposait un moyen aussi simple qu’économique de faire sauter les buttes Montmartre pour la somme de trente-deux francs.

— Trouvez-moi, lui répondit-il, un nouveau genre de fusil qui rate deux fois sur trois coups et je l’adopte immédiatement. C’est une réponse de général : la stratégie !

On admet bien que la guerre a pour but de se faire le plus de mal possible l’un à l’autre ; mais on ne veut pas employer les boulets ramés sur terre, ils détruiraient trop vite une armée ; leur usage n’est permis que sur mer.

C’est sans doute pour une raison aussi bien fondée que dans l’armée on s’est successivement opposé à l’introduction du fusil à piston, de la carabine Minié, du canon rayé : il a fallu des initiatives puissantes pour les faire accepter.

Il a fallu l’empereur Napoléon III pour appliquer les idées du prince Louis-Napoléon Bonaparte, qui avaient été repoussées pendant quinze ans.

Et cependant, à l’Alma, ce furent douze pièces, organisées d’après ce nouveau système, qui, en soutenant victorieusement, pendant deux heures, le feu de quarante ca-