Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/135

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texte que c’est pour son bien, nous reconnaissons qu’il y a certains parents qui, mus par d’autres mobiles, considèrent l’enfant, comme un esclave donné par la nature, et des patrons qui se prêtent à cette conception de son rôle d’autant plus volontiers qu’ils peuvent y trouver leur profit. Que la loi s’oppose à cette exploitation, nous en proclamons la nécessité ; mais ce qui importe, c’est que la loi ne soit pas tracassière et sous prétexte de protéger des enfants ne persécute pas les parents et les patrons.

En 1874, on a fait une loi pour la protection des enfants et des filles mineures dans l’industrie qui est demeurée à peu près inappliquée. C’est un exemple qu’il ne suffit pas de voter des lois pour avoir fait quelque chose. Quand on a dit : — « Il y aura des inspecteurs », on se figure que les inspecteurs vont jaillir du sol ; que tous seront des fonctionnaires parfaits, compétents, de sang-froid et au-dessus de toute séduction, cela va sans dire. Mais ces inspecteurs, il faut les payer et les mettre en mouvement.

La loi du 2 novembre 1892 qui a remplacé la loi de 1874 limite le travail des enfants de 13 à 16 ans, à dix heures ; mais pendant la cueillette des roses, des jasmins dans le Midi, devront-ils s’abstenir ? La loi ne s’applique pas aux travaux agricoles : mais est-ce que l’agriculture n’est pas une industrie comme une autre ? Est-ce que le travail des enfants n’y est pas susceptible de surmenage ? Si on ne l’y a pas comprise, n’est-ce pas parce que les députés, en majorité élus par des populations rurales, ont craint de provoquer chez elles un mécontentement qu’ils n’ont pas redouté des populations manufacturières ; puisque, dans leur