Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/261

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demandez-vous, industriels et manufacturiers de tous genres, qui réclamez des tarifs de douanes ? sinon l’intervention de l’État pour garantir vos bénéfices. Et que demandent les socialistes ? sinon l’intervention de l’État pour garantir aux ouvriers un maximum de travail, un minimum de salaire ? Et que demandez-vous tous, en définitive ? sinon l’intervention de l’État pour vous protéger tous contre la concurrence, concurrence du progrès du dehors — vous protectionnistes — concurrence de l’activité au dedans, — vous socialistes, à l’aide de quoi ? sinon en faisant peser, pour la fausser, sur la loi de l’offre et de la demande tout l’effort social, au profit arbitraire de telle ou telle catégorie de producteurs ou de travailleurs, et au détriment de l’ensemble des consommateurs et des contribuables qui sont tout le monde.

La conception des devoirs économiques de l’État est la même pour ce gros propriétaire foncier qui se déclare « conservateur », pour ce grand industriel qui a la haine des socialistes et pour ce socialiste misérable qui lance ses invectives haineuses contre la propriété et l’usine. Ils commettent la même erreur. Ils sont victimes de la même illusion. Ces gens qui se croient ennemis sont des frères en doctrine. De là vient que toute recrudescence du protectionnisme engendre une recrudescence de socialisme. Les socialistes de 1848 étaient les fils directs des censitaires protectionnistes de la Restauration et du gouvernement de Louis-Philippe.

Si des protectionnistes nient cette parenté intime, je place en face d’eux un socialiste qui leur dit :

— Vous demandez des droits de douane pour vous