Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/59

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De ces deux faits, je suis bien obligé de conclure que non seulement l’ignorance des principes économiques, mais même de l’idée d’une loi scientifique, est beaucoup plus grande que je ne l’imaginais : constatation qui doit nous rendre pleins d’indulgence pour les erreurs que nous voyons proférer chaque jour, mais qui, en même temps, nous donne le droit d’inviter ceux qui parlent avec tant de mépris des vils économistes et présentent avec tant d’assurance des plans de bouleversement social, à commencer par apprendre l’A, B, C, des questions qu’ils traitent.

La loi de l’offre et de la demande n’a été promulguée dans aucun code. Elle est autrement puissante. Elle s’impose à l’homme d’une manière aussi implacable que la faim et que la soif. Il y obéit, qu’il le veuille ou non, alors même qu’il s’imagine la violer. Si le socialiste excommunie et injurie l’économiste qui formule cette loi, il devrait aussi rendre Newton responsable de toutes les tuiles qui tombent sur la tête des passants, et déclarer que si un malheureux, en se jetant par la fenêtre, se tue, c’est de la faute des physiciens qui ont déterminé et enseignent la loi de la pesanteur.

Puisqu’il y a encore tant de gens qui ignorent la loi de l’offre et de la demande, il est utile de la rappeler.

L’offre est le désir pour un individu, en échange des utilités qu’il possède, de se procurer des utilités d’une autre nature.

La demande est le désir, joint aux moyens d’achat, de se procurer une utilité quelconque.