Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/68

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Ricardo ajoutait encore, comme atténuation à cette proposition : « On aurait tort de croire que le prix naturel des salaires est absolument fixe et constant, même en les estimant en vivres et autres articles de première nécessité. Il varie à différentes époques dans un même pays et il est très différent dans des pays divers. L’ouvrier anglais regarderait son salaire comme très au-dessous du taux naturel et insuffisant pour maintenir sa famille, s’il ne lui permettait d’acheter d’autre nourriture que des pommes de terre et de n’avoir pour demeure qu’une misérable hutte de terre. »

Voilà ce que dit Ricardo. Il y a loin de là à la formule absolue que lui a prêtée Lassalle et dont il a fait « la loi d’airain des salaires. »

Elle n’est vraie ni comme minimum ni comme maximum.

Elle n’est pas vraie comme minimum : car si l’employeur n’a pas besoin de main d’œuvre, il ne s’occupera pas de la nécessité de la subsistance du travailleur ; il ne l’occupera pas et ne le payera pas.

Elle n’est pas vraie comme maximum : car l’employeur paye le travailleur, non d’après les convenances de celui-ci, mais d’après l’usage qu’il peut faire de son travail, d’après la demande qui lui est faite des produits qu’il livre. En réalité, ce n’est ni l’employeur, ni le travailleur qui règlent le prix du travail : c’est un troisième personnage qu’on a l’habitude d’oublier et qui s’appelle le consommateur.

Que l’employeur produise un objet qui ne réponde pas à des besoins ou qui, par son prix, soit hors de la