Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/98

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l’utilité devient nulle. Dans ce système, le parasol de Robinson lui aurait été inutile.

Proudhon a entassé raisonnements sur raisonnements captieux pour se donner le plaisir de frapper sur les économistes. Si au lieu de se livrer à cet exercice, il avait observé les faits, il aurait constaté que la richesse d’un pays se mesure par la valeur de ses capitaux fixes, sol, maisons, usines et par l’abondance de ses capitaux circulants ; que les premiers ont une valeur d’autant plus grande que les seconds sont plus abondants, et, par conséquent, en vertu de la loi de l’offre et de la demande, à plus bas prix : car, c’est le rapport des capitaux fixes et des capitaux circulants qui constitue la richesse. Comment donc un acheteur estimera-t-il la valeur d’un champ ou d’une usine ? sinon d’après la quantité de produits, c’est-à-dire de capitaux circulants que cette usine ou ce champ peut donner et que lui-même est obligé de donner, sous forme de monnaie, pour l’acquérir.

En me gardant de suivre les docteurs du socialisme dans l’exercice de la métaphore, j’oserai dire cependant que le rapport des capitaux fixes et des capitaux circulants, agit exactement comme un bateau sur l’eau. Quand l’eau monte, c’est-à-dire, est plus abondante, le bateau s’élève. Quand l’eau baisse, il baisse. Capitaux circulants abondants, prospérité et richesse. Capitaux circulants rares, décadence et ruine. Loin qu’il y ait antinomie entre l’augmentation de la production et la richesse, il y a étroite corrélation[1].

  1. J’ai développé cette thèse avec chiffres et graphiques à l’appui dans ma Science économique. Livre III, ch. Ier.