Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/143

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À la place de la loi égale pour tous, ils veulent la loi faite à leur profit et au détriment des patrons.

Mais qui sont les patrons ?

Les socialistes se figurent que ce sont des gens qui demandent ou refusent du travail selon leur bon plaisir, leur bonne ou méchante humeur, pour être agréables ou jouer de mauvais tours aux ouvriers, selon leurs lubies.

Ils se figurent que les patrons ont des caisses pleines d’or dans lesquelles ils n’ont qu’à puiser pour payer leurs ouvriers.

Ils s’imaginent que cet or est la propriété du patron : plus il en a, plus il peut les payer cher.

S’il n’augmente pas leurs salaires, c’est qu’il ne le veut pas.

Tant que les ouvriers auront ces notions économiques, ils considéreront le patron comme un adversaire, un tyran, une sorte de Caligula.

Cependant il leur suffirait d’ouvrir les yeux, de voir ce qui se passe autour d’eux et de réfléchir quelques minutes pour se rendre compte de quelques faits, partout les mêmes.

Un patron fabrique de la céruse. Si cette fabrication est malsaine pour ses ouvriers, elle est malsaine aussi pour lui ; car il fréquente ses ateliers. Ce n’est pas pour son plaisir qu’il fait de la céruse. Il n’en dépense pas dix kilos par an. Il ne s’en sert pas. Pourquoi donc en fait-il ? C’est que des clients en ont besoin.

Ce n’est pas pour son usage personnel qu’un patron fabrique dans le centre de la France des plaques destinées au blindage des vaisseaux. Et le producteur de