Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/183

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espèce spéciale qu’on devait sacrifier à l’intérêt général ; que le propriétaire du tréfonds pouvait être indifférent ou hostile à cette industrie et abuser de sa position pour l’entraver, les législateurs de la Révolution, et à leur suite ceux de 1810, font de la propriété originelle des mines une concession. L’équivoque qui en résulte sert de prétexte aux fauteurs de grèves pour réclamer l’intervention de l’État dans les discussions entre les ouvriers mineurs et les compagnies houillères et aux socialistes pour en réclamer le retour à l’État.

Les difficultés qui résultent de cette entorse faite au principe ne prouvent pas, à coup sûr, contre la propriété. Elles démontrent, au contraire, combien il est dangereux, sous un prétexte d’utilité passagère, de mettre la loi en contradiction avec les principes.

Les garanties que la Révolution donnait à la propriété, elle les donnait à la propriété en général, et si elle spécifiait plus particulièrement pour la propriété immobilière, elle n’oubliait pas la propriété mobilière. Elle lui permettait de se constituer par la liberté de l’industrie et du commerce. Elle donnait aux capitaux la liberté d’action dont ils étaient privés : car antérieurement le prêt à intérêt n’était autorisé qu’à titre perpétuel, par constitution de rente ; mais en vertu de l’ordonnance de Blois, tous prêts temporaires d’intérêts étaient réputés usuraires et rigoureusement prohibés.

Quand des socialistes s’élèvent contre le prêt à intérêt, ils se croient avancés : ils datent des Pères de l’Église ; ils rééditent les anathèmes de Bossuet sur l’usure ; ils reviennent à la législation de l’ancien