Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

méfiances, en se servant des procédés perfectionnés que la science a mis à la disposition de Ravachol et de ses amis, à moins qu’elle n’en trouve de plus perfectionnés encore.

Cependant, de braves gens timides les trouvent un peu brutaux, dangereux, non seulement pour ceux à l’égard de qui ils doivent servir de moyens de persuasion, mais aussi pour ceux qui les emploient ; et ils proposent des mesures plus anodines.

Henry Maret m’a appris qu’il était aussi, lui, adversaire de l’épargne, ce dont je ne me doutais pas, et partisan de la suppression de la propriété et de l’héritage, ce qui m’a surpris[1].

Il a ajouté qu’il ne se bornait pas à faire la théorie de la suppression de la propriété et de l’héritage, mais qu’il a déposé, il y a une douzaine d’années, une proposition pratique « constituant une assurance mutuelle de tous les citoyens français, et dont la caisse était alimentée par les ressources dues à la suppression de l’héritage en ligne collatérale. »

Cette proposition, qui ressemble beaucoup à celle de M. Barodet, si elle n’est la même, n’a qu’un défaut aussi capital que celui de la Jument de Roland : c’est d’être morte ! Oh ! non pas, parce que M. Henry Maret ne l’a pas ressuscitée depuis douze ans : il peut la ressuciter demain ; mais parce que, en supposant qu’elle soit votée aujourd’hui, promulguée après-demain, elle restera lettre morte.

Il lui manquera cette toute petite chose dont Henry

  1. Voir le Siècle des 26, 30 septembre, 1, 3, 11, 16, 23 octobre 1892.