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Les neveux et nièces d’un oncle à héritage ne manqueront pas de lui dire, quand ils lui souhaiteront son anniversaire :

— Tu sais, mon cher oncle, que M. Henry Maret exige que tu fasses ton testament. Serait-il indiscret de te demander si tu l’as fait ?

Les oncles qui savent lire et écrire répondront : — Mon cher neveu, ma chère nièce, rédiger mon testament est devenu un de mes passe-temps. J’ai acheté une main de papier tout exprès, et quand je ne sais que faire, j’écris un testament. Les jours de pluie, j’en fais plusieurs, en changeant à chaque fois mes volontés. Vous voyez que je pense à vous.

Les neveux et nièces s’en iront assez inquiets.

Quant à moi, cet oncle à héritage ne m’inquiète nullement, pas plus que ses neveux et nièces.

Mais il y a, à la campagne surtout, de pauvres gens, de vieilles femmes, ayant un petit bien, qui ne savent ni lire ni écrire.

Ils ne peuvent tester que par acte public, et ce n’est pas une petite affaire.

Le testament doit être reçu par deux notaires et deux témoins ou par un notaire en présence de quatre témoins. Parmi ceux-ci ne peuvent se trouver des personnes gratifiées dans le testament, ni des parents ou alliés du testateur jusqu’au quatrième degré inclusivement, ni les clercs des notaires qui reçoivent les actes.

Faire un testament par acte public implique donc des dépenses et une certaine publicité, devant lesquelles peuvent hésiter de pauvres gens, souvent méfiants, ne voulant point faire connaître leurs affaires