Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/229

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n'y a qu’une morale : faire du mal à l’ennemi ; il n’y a qu’un but : le succès.

Des possibilistes, les opportunistes du socialisme, MM. Brousse, Prudent-Dervilliers, Harry, Levy, Paulard, signaient en 1881 un programme dans lequel ils disaient :

Considérant que le prolétariat en lutte doit faire usage de tous les moyens en son pouvoir… : résistance économique (grève), vote et force selon les cas.

Le bon socialiste fait parade de manquer à la morale professionnelle, de gâcher la matière première, « d’en faire le moins possible » de « carotter le singe » Que le patron soit propriétaire ou débiteur de son capital, peu importe. Le capital est un voleur. « Faire rendre gorge à un voleur », dit M. Guesde, est de toute justice. Donc, tout ce que le bon socialiste prend sur lui est de bonne prise. Quand les socialistes désavouent Martinet, ils sont illogiques ou plutôt hypocrites.

Les socialistes demandent la limitation des heures de travail, d’un côté, par respect pour la théorie du surtravail de Karl Marx ; d’un autre côté, parce que, comme dit Benoît Malon : « La diminution des heures de travail est le moyen le plus sûr de révolutionner la classe ouvrière, c’est-à-dire de la ranger sous le drapeau socialiste[1]. »

C’est une victoire immédiate, facile, avec la complicité des bons bourgeois qui « veulent faire quelque

  1. Benoît-Malon. Le Nouveau parti p. 89.