Page:Guyot Desfontaines - La Voltairomanie.djvu/12

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& ſuborné ? Jamais les Ordres reſpectables du Roi ont-ils flétri l’honneur de ſes Sujets ? Comme la politique du gouvernement, & l’ordre public exigent quelquefois qu’on s’aſſure, ſur un ſimple avis, de la perſonne d’un Sujet, on ſeroit bien à plaindre, ſi dans ces cas on étoit deſhonoré. Eh, qui eſt-ce qui n’auroit pas ſans ceſſe à craindre de perddre ſon honneur ? Auſſi un Gentilhomme ſur, il y a quelques années, condamné par Meſſieurs les Maréchaux de France à trois mois de Priſon, pour avoir fait un reproche de cette nature à un autre Gentilhomme.

Pour ce qui regarde M. l’Abbé D. F. tout le monde sçait que le tour affreux, qui lui fut joüé en 1725, par les fougueux & dangereux amis d’un homme qui n’eſt plus, ne lui a fait aucun tort auprès des honnêtes-gens : Sa Religion & ſes bonnes mœurs ſont connues. Après 15 jours d’une diſgrace, qu’il n’avoit ni prévuë ni méritée, il ſut honorablement rendu à la Société & à ſon Emploi littéraire. Le Magiſtrat de la Police prit la peine de le juſtifier lui-même ; non-seulement aux yeux de ſa famille, mais encore par une Lettre qu’il écrivit a M. l Abbé Bignon, quï peut s’en reſſouvenir[1]. Quelle douleur le Magiſtrat ne témoignat’il pas Plus

  1. Elle fut lue ſolennellement dans l’Aſſemblé du Journal & en conséquence l’Abbé D. F. fut ſur le champ rétabli, par M. l’Abbé Bignon, qui voulut bien recueillir les voix de l’Aſſemblée