Page:Guyou, Mottez - Théorie du navire, suivi de Traité des évolutions et allures, 1887.djvu/384

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couple d’abatée créé par la dérive et la marche en arrière, dépasse de beaucoup l’énergie de tout couple que l’on pourra produire avec les voiles. Le bâtiment dont nous avons commencé à suivre les mouvements abattra donc jusqu’à ce qu’il ait perdu sa vitesse en arrière ; or, cette vitesse avait atteint son maximum quand le bâtiment passa par la position que nous avons appelée initiale ; le bâtiment arrêté aura donc un cap plus arrivé que celui de la position initiale, d’où il suit qu’il prendra de la vitesse en avant et lofera. Cette vitesse croîtra jusqu’au moment où l’on passera de nouveau par le cap de la position initiale, et le bâtiment continuera à se ranger dans le vent ; mais cette fois il faut ajouter aux premières influences celle de la vitesse en avant dont il est animé, et qui détermine avec la dérive un couple énergique pour faire lofer. Ainsi, le bâtiment trop ardent ne trouvera pas de position d’équilibre parce que les couples d’olofée et d’arrivée agiront alternativement et non en même temps ; pour qu’il en trouvât une, il faudrait que dans cette position toutes les forces du bâtiment s’équilibrassent et que si l’une d’elles venait à croître accidentellement, celle qui lui est opposée crût en même temps ; mais nous voyons par l’examen que nous venons de faire des mouvements d’un bâtiment trop ardent qu’il n’en est pas ainsi ; le couple d’arrivée se produit quand le couple d’olofée a cessé d’exister, et le couple d’olofée ne reprend d’influence que quand l’autre à son tour s’est évanoui.

Il n’en est pas de même quand le bâtiment est mou, car la vitesse en avant, qui fait croître la tendance à lofer, est créée par une arrivée. De même, si une olofée accidentelle écarte le bâtiment mou de la position d’équilibre, il y sera tout naturellement rappelé par le changement de vitesse qu’entraînera cette embardée accidentelle.

Des considérations qui précèdent on peut tirer les conclusions : que, dans la position d’équilibre le vent dedans, plus le navire sera mou, plus il marchera ; que si l’on a intérêt à aller moins vite, il faut rendre le bâtiment plus