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PUGILISTE

plus doux encore de deux lèvres qui se posaient à peine.

« Patrick Malone, les femmes du vieux pays aussi sont fières de vous… Voici pour votre pauvre front bosselé… ; voilà pour vos pauvres yeux, et pour vos pauvres joues meurtries, et pour vos pauvres lèvres qui ont saigné sans se plaindre… Non ! Ne bougez pas ! Ne dites rien !… Tenez : restez là et je vais jouer pour vous… »

Elle alla jusqu’au piano, s’assit et joua un air à la fois heurté et tendre, qui par instants s’enlevait en galopades effrénées et puis traînait et languissait plaintif. Pat demeura immobile dans son fauteuil et la regarda de loin.

Il se sentait fatigué, troublé et prêt à l’émotion, comme si l’épuisement, la souffrance et les coups reçus l’avaient ébranlé jusqu’au cœur.

Ces caresses, dont il sentait encore l’effleurement sur son visage meurtri, ces caresses inattendues d’une dame, d’une vraie dame, riche et belle… Cette musique étrange qu’elle jouait pour lui… Les