Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/149

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pensées qu’aucun d’eux n’aurait eues seul ; du concours qu’ils se prêteront dans leur travail commun, sortiront des œuvres qu’aucun d’eux n’aurait accomplies seul, comme de l’union de tout leur être, naîtront des générations nouvelles plus parfaites que les précédentes, parce qu’elles seront le produit d’une harmonie aussi parfaite que possible. Ce ne sera donc que quand la femme prendra sa légitime place, que l’humanité verra l’amour dans toute sa splendeur, et que cette passion, subversive aujourd’hui dans l’inégalité et l’incohérence, deviendra ce qu’elle doit être : un des grands instruments de Progrès.

Nous, mes enfants, qui sommes trop raisonnables pour prendre le moyen par lequel la nature nous porte à remplir ses intentions pour ses intentions mêmes, nous nous garderons bien de croire que l’amour a le plaisir pour but ; d’autre part, nous avons trop le respect de l’égalité, pour nous imaginer qu’il n’est fait qu’au profit d’un sexe. Nous resterons fidèles à l’idéal de nos grandes destinées, en définissant l’amour : l’attraction réciproque de l’homme et de la femme dans le but de perpétuer l’espèce, d’améliorer les conjoints l’un par l’autre sous le rapport de l’intelligence et du sentiment et de faire progresser la science, l’art, l’industrie par le travail du couple.


IV


Des sophistes t’ont dit, mon fils, que tous nos penchants sont dans la nature, qu’ils sont bons et doivent être respectés.

Tu leur as demandé sans doute si le penchant au vol, à l’assassinat, au viol, à l’anthropophagie, qui sont dans la nature, sont