Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/153

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moral sont les vices inhérents à la polygamie de l’Orient. Tu le vois, nous voilà loin de l’idéal de nos destinées.

Dans notre Occident, la Polygamie de fait produit le bétail du lupanar, des légions de courtisanes qui ruinent les familles. Comme beaucoup de ces femmes ne sont pas saines, elles communiquent à ceux qui les fréquentent d’affreuses maladies qui minent leur tempérament, et préparent ainsi des générations faibles, conséquemment des âmes peu fortes, des intelligences abaissées. J’en appelle à l’épreuve de la conscription : jamais on ne vit tant d’exemptions pour insuffisance de taille, et cependant on est moins exigeant que par le passé : jamais on n’en vit tant par vices de constitution et maladies organiques.

Vicier la génération dans son germe, n’est pas le seul crime de notre polygamie ; elle énerve la population qui la pratique ; car rien ne porte aux excès, conséquemment à l’affaiblissement, comme le changement de relations. D’autre part nos polygames se transforment en machines à sensation ; leur intelligence s’abaisse ; ils deviennent hébétés, égoïstes. Regarde, mon fils, ces tristes jeunes gens d’aujourd’hui, étiolés par les vices de leurs pères et les leurs : ils sont railleurs, sans foi, riant des choses les plus saintes, méprisant, non seulement leurs dignes compagnes, les femmes corrompues, mais encore tout le sexe auquel appartiennent leurs mères : regarde-les, ils sont grossiers à faire lever le cœur : plus rien n’attire leur respect : ils jettent la femme en cheveux blancs dans le ruisseau pour garder le haut du pavé ; ils rudoient le vieillard, ils font rougir la jeune fille par leurs cyniques discours : la polygamie les a rendus ignobles, et a tué l’urbanité française aussi bien que toute dignité.