Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/164

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L’auteur. Eh ! Que nous importe, Madame, puisque, grâce à la liberté, le Mariage religieux n’est qu’une bénédiction dont on peut se passer. Celles dont le tempérament est d’aller à l’Église, au Temple, à la Synagogue doivent avoir toute liberté de se faire bénir par leurs prêtres respectifs : cela ne regarde pas la Société. Ce qu’il faut, c’est que si, plus tard, leurs vœux ne leur semblent pas valables, l’autorité sociale ne les leur rende pas obligatoires : Elles ont le droit d’être absurdes, mais la Société n’a pas le droit de leur imposer l’absurdité : Son devoir est, au contraire, de les éclairer et de les rendre libres.


II


La jeune femme. Ceux qui ont subordonné la femme dans le Mariage, s’appuient sur ce que, disent-ils, il faut unité de direction dans la famille, conséquemment une autorité ; or évidemment votre théorie ruine cette autorité.

L’auteur. Qu’est ce que l’autorité ? Dans la pratique, elle se manifeste par la fonction du gouvernement. Autrefois elle reposait sur deux principes reconnus aujourd’hui radicalement faux : le Droit divin et l’Inégalité. Elle était un Droit pour ceux qui l’exerçaient, qu’ils s’appelassent rois, aristocrates, prêtres, hommes : alors le Peuple, l’Église, la Femme avaient le Devoir d’obéir aux élus de Dieu, à leurs supérieurs par la grâce du droit octroyé d’en haut.

Mais, dans l’opinion moderne, l’autorité n’est plus qu’une fonction déléguée par les intéressés pour exécuter leur volonté.