Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/168

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que les conjoints se séparent, qu’ils aient été légalement mariés ?

J’ai connu pour mon compte une union libre, très heureuse pendant vingt-deux ans, qui se rompit au bout de trois ans de mariage légal par la séparation ; j’en ai connu d’autres de moins longue durée que la légalité a contribué à dissoudre au lieu de les éterniser.

On ne saurait croire combien d’époux, en 1848, rentrèrent dans une meilleure voie lorsqu’ils craignirent que la loi du Divorce ne fût votée. Si le Divorce, simple expédient, peut produire de bons résultats, que ne devrait-on pas attendre d’une loi rationnelle !

Il n’y a qu’à réfléchir pour comprendre que la dissolubilité volontaire, sans intervention sociale, rendrait les unions mieux assorties, car l’on aurait intérêt, pour sa propre réputation, de ne se prendre qu’avec la conviction morale de pouvoir se garder ; alors seulement il n’y aurait plus d’excuse à l’infidélité ; la loyauté entrerait dans les rapports des époux. La loi de la perpétuité a tout faussé, tout corrompu : du côté de la femme, elle favorise, elle nécessite la ruse ; du côté de l’homme, elle favorise la brutalité, le despotisme ; elle provoque des deux côtés l’adultère, l’empoisonnement, l’assassinat et conduit à ces séparations dont chaque jour augmente le nombre, qui, en donnant un démenti à la nécessité de l’indissolubilité du Mariage, jettent les conjoints dans une situation douloureuse, périlleuse, et traînent à leur suite une foule de désordres.

En effet, si les époux sont séparés jeunes, le concubinage est leur refuge. L’homme, dans cette fausse position, trouve beaucoup de gens qui l’excusent ; mais la femme est obligée de se