Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/181

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seulement des femmes et des hommes justes, bons, chastes, mais des ouvriers de la grande œuvre du Progrès.

Tu connais la grande Destinée de notre espèce ; tu connais tes Droits et tes Devoirs : je n’ai donc pas à te répéter que la femme n’est pas plus faite pour l’homme que celui-ci pour celle-là ; qu’en conséquence, la femme ne peut, sans manquer à son devoir, se perdre et s’absorber dans l’homme : car elle doit aimer avec lui ses enfants, la patrie, l’humanité ; elle doit plus à ses enfants qu’à lui-même ; et, entre l’égoïsme de la famille et les sentiments généraux d’un ordre plus élevé, la femme ne doit pas plus hésiter que l’homme à sacrifier les premiers à la Justice.

L’auteur. On dira, Madame, que vous enseignez bien virilement votre fille.

La jeune femme. Puisque de nos jours les hommes jouent de la mandoline, ne faut-il pas que les femmes parlent sérieusement ?

Puisque des hommes, au nom de leur naïf égoïsme, prétendent confisquer la femme à leur profit, lui vantent les charmes du gynécée, suppriment ses droits et lui prêchent les douceurs de l’absorption, ne faut-il pas que les femmes réagissent contre ces doctrines soporifiques, et rappellent leurs filles au sentiment de la dignité et de la personnalité ?

L’auteur. Je vous approuve de tout mon cœur :

Maintenant que nous sommes d’accord à peu près sur tous les points, nous n’avons plus qu’à nous résumer et à donner l’ébauche des principales réformes nécessaires à opérer pour que la femme soit placée dans une situation plus conforme au Droit et à la Justice.