Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/189

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d’influence sur elle pour qu’elle soit réellement libre avant cet âge.

La jeune femme. Mais si l’un des deux s’oppose par caprice, ou par de mauvais motifs à ce que l’autre fasse une chose convenable et avantageuse ?

L’auteur. Dans les différends qui surviennent entre associés, souvent l’on prend des arbitres : l’arbitre général entre les époux est la Société, représentée par le pouvoir judiciaire ; mais nous croyons qu’il serait bon d’établir entre eux un arbitre perpétuel qui aurait un premier degré de juridiction : ce serait le conseil de famille, organisé tout autrement qu’il ne l’est aujourd’hui. Devant ce tribunal intime, mieux à même d’apprécier que tout autre, les époux porteraient, non seulement les différends survenus entre eux touchant les questions d’intérêt, mais ceux qui auraient rapport à l’éducation, à la profession et au mariage des enfants. Ce tribunal statuerait en premier ressort, et bien des scandales seraient évités par ses décisions, dont on pourrait du reste toujours appeler devant le tribunal social.

Je n’ai nul besoin d’ajouter que le droit du père et de la mère sur les enfants est absolument égal ; que si le droit de l’un des deux pouvait être contesté, ce ne serait pas celui de la mère qui seule peut dire je sais, je suis certaine que ces enfants sont à moi.

La jeune femme. En effet ; il est révoltant que la plénitude du droit se trouve du côté de la simple présomption légale, de l’acte de foi, de l’incertitude.

Considérant le mariage comme une association d’égaux, ne penseriez-vous pas qu’il serait utile de marquer cette égalité et