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Un mot sur le rôle de la Philosophie et de la Religion. La première doit être représentée à vos élèves comme fille surtout de la Raison, et ayant un rôle principalement critique ; la seconde est surtout fille du sentiment religieux, et joue principalement le rôle d’élément conservateur.

Vous représenterez à vos élèves le sentiment reUgieux comme inhérent à la nature humaine ; comme une aspiration indéfinie à nous relier avec l’univers et nos semblables ; comme une disposition à sentir qu’il y a des rapports entre nous et les lois dont nous voyons les résultats, sans que nous puissions en atteindre les causes. Vous marquerez avec soin les diverses transformations de ce sentiment sous l’influence du développement intellectuel et moral, jusqu’au moment où l’humanité, arrivant à la conception de sa propre loi, la loi morale, à la nécessité de l’accord qui doit exister entre la Vertu et le bonheur, fournit sa dernière étape sentimentale, en ajoutant à la croyance en la Divinité celle en l’Immortalité de la conscience individuelle. Immortalité qui, selon la belle expression de M. Charles Renouvier, est le droit au Progrès.

Insistez beaucoup pour faire comprendre à vos élèves que le sentiment religieux ne saurait être une loi de notre être sans en être une de l’univers. Sans régir des rapports dont un des termes, quoiqu’inconnu, n’en existe pas moins ; que la Divinité et l’Immortalité ne sauraient être les objets de la foi humaine, sans avoir une réalité objective, parce que la voix de la nature ne trompe jamais ; et séparez le sentiment religieux d’avec les religions.

Les Religions, dites-leur, sont construites avec la science et la