Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/281

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Ainsi la femme ne veut plus être mineure parce qu’elle ne l’est plus devant l’intelligence ;

Parce qu’elle ne l’est plus devant la production ;

Parce que la situation qui lui est faite exige son égalité avec l’homme.

Et nous disons, et nous répétons qu’il faut en prendre son parti et opérer progressivement des réformes, si l’on ne veut que la civilisation périsse.

Pour que le mouvement dont on s’étonne ne se produisît pas, il ne fallait pas cultiver l’esprit de la femme ;

Il ne fallait pas lui donner une large et lourde part dans le travail ;

Il ne fallait pas permettre que l’homme pût se vendre à la femme pour une dot, ou que celle-ci fût son égale ou sa supérieure en utilité dans le travail du couple ;

Il ne fallait pas proclamer l’égalité de Droit pour tout être humain ;

Il ne fallait pas ruiner dans le cœur de la femme la doctrine qui divinise l’autorité et la subordination.

Mais puisqu’on a fait, laissé faire et laissé passer, il faut subir les conséquences de la situation présente, et ne pas blâmer la femme lorsqu’elle témoigne avoir profité des leçons qu’on lui donne ; on ne peut plus ressusciter le passé, ni rendre à la femme ses naïves croyances, ses niaises soumissions, son ignorance et son existence cachée : on l’a développée pour la liberté et l’égalité, qu’on lui donne donc l’une et l’autre ; car elle ne formera des hommes libres qu’à la condition d’être libre elle-même.