Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/291

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rien : chacun fait et ne doit faire que les choses auxquelles il est apte ; et lon ne brigue pas des fonctions pour lesquelles on manque de capacité ou de temps.

Faites-bien comprendre aux femmes mineures par lintelligence que, réclamer l’égalité de Droit, ce n’est pas prétendre à la similitude de fonctions ; qu’elles ne seront pas plus contraintes d’être autre chose qu’elles ne sont sous un régime d’égalité, que sous celui que nous avons à l’heure qu’il est ; que toute la différence, sous ce rapport, consistera en ce que celles qui, aujourd’hui, ne peuvent faire certaines choses parce qu’elles sont femmes, seront admises à les faire, parce qu’elles seront des êtres humains.

Faites-leur bien comprendre qu’elles sont absurdes de se poser en types et modèles de leur sexe, et de prétendre que toutes les autres femmes ne doivent avoir que leurs aptitudes, leurs goûts : faites-leur remarquer que nous différons tous ; que nous devons respecter l’individualité d’autrui comme nous trouvons juste qu’on respecte la nôtre ; que si l’on regarde comme légitime et naturel qu’elles n’aient d’autre vocation que les soins du ménage, fonction très nécessaire, très utile et très respectable, elles doivent trouver tout aussi légitime et naturel que d’autres femmes préfèrent des fonctions différentes.

Enfin, faites-leur honte de l’indigne habitude où elles sont de déprécier les qualités supérieures qu’elles n’ont pas, quand elles les rencontrent chez une personne de leur sexe : dites-leur, ce qui est vrai, qu’elles s’attirent ainsi le dédain des hommes qui ont, en général, trop de bon sens pour ne pas reconnaître et avouer la supériorité d’une femme, et éprouvent naturellement