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ailée s’en va

Mes facultés s’endorment au son morne de la mer proche sur les cailloux.

Et mon être vaillant s’étiole d’être dans l’inaction, mon imagination s’effrite de n’être plus en contact avec les difficultés et les dangers de la navigation à voile.

Lorsque je dors c’est du sommeil de ceux qui ont perdu leur raison de vivre.

Désarmement des bateaux, arrêt momentané de la vie – convalescence – je ne sais exprimer le mal profond dont je souffre.

Sans embarquement – séjour à terre prolongé ou bien en mal des horizons lointains.

Je ne demande pas aux êtres de m’intéresser ni de m’amuser. Le temps passe trop vite avec mon idéal. Je voudrais seulement pouvoir m’ennuyer moins intensément auprès d’eux.

Mon « Ailée » est désarmée. La nouvelle se construit pendant ce laps de temps je ne suis nulle part ; où mettre en lieu sûr mes illusions et faire survivre mes rêves pendant ce contact brutal avec terre, où puis-je soigneusement les garder pour ne pas les perdre et les casser ?