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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

l’ai ouï dire, le roi exige, pour les lâcher, de grandes sommes d’argent, sans compter le tribut ordinaire.

CXVIII. Intaphernes, un des sept Perses qui avaient conspiré contre le mage, se permit une insulte qui le fit punir de mort. Immédiatement après le soulèvement contre les mages, il voulut entrer dans le palais pour parler au roi ; car il avait été arrêté, entre les sept qui s’étaient ligués contre le mage, qu’ils auraient leurs entrées libres chez le roi sans avoir besoin d’introducteur, à moins qu’il ne fût pour lors avec une de ses femmes. Intaphernes voulut entrer chez Darius, croyant qu’il ne devait point se faire annoncer, parce qu’il était un des sept. Le garde de la porte et l’introducteur lui refusèrent l’entrée, disant que le roi était avec une de ses femmes. Intaphernes, s’imaginant qu’ils mentaient, tire son cimeterre, leur coupe le nez et les oreilles, qu’il fait attacher à la bride de son cheval, et, la leur ayant fait passer à l’entour du cou, il les laisse aller.

CXIX. Ils se présentèrent au roi, et lui dirent pourquoi on les avait ainsi maltraités. Darius, appréhendant que cette violence n’eût été commise de concert avec les cinq autres, les fit venir l’un après l’autre, et les sonda chacun en particulier, pour savoir s’ils approuvaient ce qui s’était passé. Quand il fut bien sûr que cela s’était fait sans leur participation, comme il avait tout lieu de croire qu’Intaphernes chercherait à se révolter avec ses parents, il le fit arrêter, lui, ses fils et toute sa famille. S’étant assuré de leurs personnes, il les fit mettre aux fers, et les condamna à mort.

La femme d’Intaphernes se rendait chaque jour aux portes du palais, tout éplorée, et poussant des cris lamentables. Ses pleurs et son assiduité firent impression sur le cœur de Darius. On vint lui dire, de la part de ce prince : « Le roi Darius vous accorde un des prisonniers ; vous pouvez choisir, parmi vos parents, celui que vous voulez délivrer du supplice. » Après un moment de réflexion, elle répondit : « Si le roi m’accorde la vie d’un de mes proches, je choisis mon frère préférablement à tous les autres. » Darius en fut surpris. « Quel motif, lui fit-il