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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

j’en ai. Il neige toujours dans les régions situées au-dessus de la Scythie, mais vraisemblablement moins en été qu’en hiver. Quiconque a vu de près la neige tomber à gros flocons comprend facilement ce que je dis. Elle ressemble en effet à des plumes. Je pense donc que cette partie du continent, qui est au nord, est inhabitable à cause des grands froids, et que, lorsque les Scythes et leurs voisins parlent de plumes, il ne le font que par comparaison avec la neige. Voilà ce qu’on dit sur ces pays si éloignés.

XXXII. Ni les Scythes, ni aucun autre peuple de ces régions lointaines, ne parlent pas des Hyperboréens, si ce n’est peut-être les Issédons ; et ceux-ci même, à ce que je pense, n’en disent rien : car les Scythes, qui, sur le rapport des Issédons, nous parlent des peuples qui n’ont qu’un œil, nous diraient aussi quelque chose des Hyperboréens. Cependant Hésiode en fait mention, et Homère aussi dans les Épigones[1], en supposant du moins qu’il soit l’auteur de ce poëme.

XXXIII. Les Déliens en parlent beaucoup plus amplement. Ils racontent que les offrandes des Hyperboréens leur venaient enveloppées dans de la paille de froment. Elles passaient chez les Scythes : transmises ensuite de peuple en peuple, elles étaient portées le plus loin possible vers l’occident, jusqu’à la mer Adriatique. De là, on les envoyait du côté du midi. Les Dodonéens étaient les premiers Grecs qui les recevaient. Elles descendaient de Dodone jusqu’au golfe Maliaque, d’où elles passaient en Eubée, et, de ville en ville, jusqu’à Caryste. De là, sans toucher à Andros, les Carystiens les portaient à Ténos, et les Téniens à Délos. Si l’on en croit les Déliens, ces offrandes parviennent de cette manière dans leur île. Ils ajoutent que, dans les premiers temps, les Hyperboréens envoyèrent ces offrandes par deux vierges, dont l’une, suivant eux, s’appelait Hypéroché, et l’autre Laodicé ; que, pour la sûreté de ces jeunes personnes, les Hyperboréens

  1. Ce poëme est très-ancien, quoique, suivant toutes les apparences, Homère n’en soit pas l’auteur. Le scoliaste d’Aristophane l’attribue à Antimachus. Mais Antimachus de Colophon, qui était antérieur à Platon, suivant Suidas, était postérieur à Hérodote, ou du moins son contemporain. (L.)

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