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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

sa grâce à cette condition, Sataspes vint en Égypte, y prit un vaisseau et des matelots du pays, et, s’étant embarqué, il fit voile par les colonnes d’Hercule. Lorsqu’il les eut passées, il doubla le promontoire Soloéis, et fit route vers le sud. Mais, après avoir mis plusieurs mois à traverser une vaste étendue de mer, voyant qu’il lui en restait encore une plus grande à parcourir, il retourna sur ses pas, et regagna l’Égypte. De là il se rendit à la cour de Xerxès. Il y raconta que, sur les côtes de la mer les plus éloignées qu’il eut parcourues, il avait vu de petits hommes, vêtus d’habits de palmier, qui avaient abandonné leurs villes pour s’enfuir dans les montagnes aussitôt qu’ils l’avaient vu aborder avec son vaisseau ; qu’étant entré dans leurs villes, il ne leur avait fait aucun tort, et s’était contenté d’en enlever du bétail. Il ajouta qu’il n’avait point achevé le tour de la Libye, parce que son vaisseau avait été arrêté et n’avait pu avancer. Xerxès, persuadé qu’il ne lui disait pas la vérité, fit exécuter la première sentence ; et il fut mis en croix, parce qu’il n’avait pas achevé les travaux qu’on lui avait imposés. Un eunuque de Sataspes n’eut pas plutôt appris la mort de son maître, qu’il s’enfuit à Samos avec de grandes richesses, dont s’empara un certain Samien. Je sais son nom, mais je veux bien le passer sous silence.

XLIV. La plus grande partie de l’Asie fut découverte par Darius. Ce prince, voulant savoir en quel endroit de la mer se jetait l’Indus, qui, après le Nil, est le seul fleuve dans lequel on trouve des crocodiles, envoya, sur des vaisseaux, des hommes sûrs et véridiques, et entre autres Scylax de Caryande. Ils s’embarquèrent à Caspatyre, dans la Pactyice, descendirent le fleuve à l’est jusqu’à la mer : de là, naviguant vers l’occident, ils arrivèrent enfin, le trentième mois après leur départ, au même port où les Phéniciens, dont j’ai parlé ci-dessus, s’étaient autrefois embarqués par l’ordre du roi d’Égypte pour faire le tour de la Libye. Ce périple achevé, Darius subjugua les Indiens, et se servit de cette mer. C’est ainsi qu’on a reconnu que l’Asie, si l’on en excepte la partie orientale, ressemble en tout à la Libye.

XLV. Quant à l’Europe, il ne paraît pas que personne