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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

troisième roi, surnommé l’Heureux, la Pythie, par ses oracles, excita tous les Grecs à s’embarquer pour aller habiter la Libye avec les Cyrénéens, qui les invitaient à venir partager leurs terres. Cet oracle était conçu en ces termes : « Celui qui n’ira dans la fertile Libye qu’après le partage des terres aura un jour sujet de s’en repentir. » Les Grecs, s’étant rendus à Cyrène en grand nombre, s’emparèrent d’un canton considérable. Les Libyens leurs voisins, et Adicran leur roi, se voyant insultés et dépouillés de leurs terres par les Cyrénéens, eurent recours à Apriès, roi d’Égypte, et se soumirent à lui. Ce prince envoya contre Cyrène des forces considérables. Les Cyrénéens s’étant rangés en bataille à Irasa, et près de la fontaine de Thesté, en vinrent aux mains, et les défirent. Les Égyptiens, qui ne s’étaient pas auparavant essayés dans les combats contre les Grecs, les méprisaient ; mais ils furent tellement battus, qu’il n’en retourna en Égypte qu’un très-petit nombre. Le peuple fut, à ce sujet, si irrité contre Apriès, qu’il se révolta.

CLX. Arcésilas, fils de Battus, régna après son père. Ce prince eut, aussitôt après son avènement au trône, quelques différends avec ses frères ; mais enfin ils quittèrent le pays, et passèrent dans un autre canton de la Libye. Ayant délibéré entre eux sur ce qu’ils avaient à faire, ils bâtirent une ville qu’ils appelèrent Barcé, nom qu’elle porte encore aujourd’hui. Pendant qu’ils étaient occupés à la construire, ils soulevèrent les Libyens contre les Cyrénéens. Arcésilas marcha contre les révoltés, et contre ceux des Libyens qui les avaient reçus. Les Libyens, qui le redoutaient, s’enfuirent chez les Libyens orientaux. Arcésilas les poursuivit ; et, les ayant atteints à Leucon en Libye, ils résolurent de lui livrer bataille. On en vint aux mains, et la victoire se déclara tellement en leur faveur, qu’il demeura sur la place, du côté des Cyrénéens, sept mille hommes pesamment armés. Après cet échec, Arcésilas tomba malade ; et, ayant pris médecine, il fut étranglé par son frère Léarque. Mais Éryxo, appelant la ruse à son secours, fit périr le meurtrier de son mari.

CLXI. Son fils Battus lui succéda : il était boiteux, et