Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

avait, à mon avis, dessein de subjuguer. La Libye renferme beaucoup de nations différentes. Il y en avait peu qui fussent soumises au roi, et la plupart ne tenaient aucun compte de Darius. Voici l’ordre dans lequel on trouve les peuples de la Libye, à commencer depuis l’Égypte[1]. Les premiers qu’on rencontre sont des Adyrmachides. Ils ont presque les mêmes usages que les Égyptiens, mais ils s’habillent comme le reste des Libyens. Leurs femmes portent à chaque jambe un anneau de cuivre, et laissent croître leurs cheveux : si elles sont mordues par un pou, elles le prennent, le mordent à leur tour, et le jettent ensuite. Ces peuples sont les seuls Libyens qui aient cette coutume ; ils sont aussi les seuls qui présentent leurs filles au roi lorsqu’elles vont se marier. Celle qui lui plaît ne s’en retourne qu’après qu’il en a joui. Cette nation s’étend depuis l’Égypte jusqu’à un port appelé Plunos.

CLXIX. Les Giligammes touchent aux Adyrmachides : ils habitent le pays qui est vers l’occident jusqu’à l’île Aphrodisias. Dans cet intervalle est l’île de Platée, où les Cyrénéens envoyèrent une colonie. Aziris, où ils s’établirent aussi, est sur le continent, ainsi que le port de Ménélas. C’est là qu’on commence à trouver le silphium. Le pays où croît cette plante s’étend dans l’île de Platée jusqu’à l’embouchure de la Syrte[2]. Ces peuples ont presque les mêmes coutumes que les autres.

CLXX. Immédiatement après les Giligammes, on trouve les Asbystes du côté du couchant : ils habitent le pays au-dessus de Cyrène ; mais ils ne s’étendent pas jusqu’à la mer : les côtes maritimes sont occupées par les Cyrénéens. Les chars à quatre chevaux sont beaucoup plus en usage chez eux que chez les autres Libyens, et ils s’étudient à imiter la plupart des coutumes des Cyrénéens.

CLXXI. Les Auschises sont à l’occident des Asbystes, auxquels ils confinent : ils habitent au-dessus de Barcé et s’étendent jusqu’à la mer, près des Évespérides. Les

  1. Hérodote interrompt ici sa narration pour faire la description de l’Afrique, et la reprend plus bas, § cc.
  2. Il s’agit ici de la grande Syrte, dont l’embouchure n’est pas éloignée de Barcé, et qui est beaucoup plus près de l’Égypte que la petite. (L.)