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TERPSICHORE, LIVRE V.

présenta pour le combat du stade, son nom sortit de l’urne avec celui du premier combattant : c’est ainsi que les choses se passèrent[1].

XXIII. Mégabyse arriva sur les bords de l’Hellespont avec les Pæoniens qu’il menait en Asie, et, l’ayant ensuite traversé, il vint à Sardes. Ce seigneur, instruit qu’Histiée de Milet fermait déjà de murs le lieu appelé Myrcine sur le Strymon, qu’il avait demandé à Darius, et que ce prince lui avait accordé pour le récompenser de ce qu’il avait gardé le pont de bateaux, ne fut pas plutôt à Sardes avec les Pæoniens, qu’il en parla au roi. « Qu’avez-vous fait, seigneur, lui dit-il, en permettant à un Grec habile et prudent de posséder une ville dans un endroit de la Thrace où il y a des mines d’argent et beaucoup de bois de construction et propre à faire des rames ! Ce pays, d’ailleurs, est environné d’un grand nombre de Grecs et de Barbares, qui, le prenant pour leur chef, le suivront jour et nuit partout où il voudra les mener. Réprimez, seigneur, cet homme entreprenant, de crainte que vous ne vous trouviez engagé dans une guerre domestique ; n’ayez cependant recours qu’à des moyens doux. Mandez-le, et, lorsqu’il sera en votre puissance, empêchez-le de jamais retourner en Grèce. »

XXIV. Ce discours d’un homme dont la vue excellente perçait dans l’avenir persuada aisément Darius. Ce prince dépêcha aussitôt après un courrier à Myrcine, avec ordre

  1. Voici ce qui se faisait aux jeux olympiques pour apparier les combattants. On avait une urne d’argent consacrée au dieu. On y mettait de petites ballotes environ de la grosseur d’une fève, deux marquées d’un A, deux d’un B, deux d’un C, et ainsi de suite, selon le nombre de ceux qui se présentaient pour combattre. Alors les champions s’avançaient l’un après l’autre, faisaient leur prière à Jupiter, et chacun, mettant la main dans l’urne, tirait une des ballotes. Il leur était défendu de regarder quelle lettre il y avait dessus. Il y avait là un héraut armé d’une baguette, qu’il tenait levée et prête à frapper, pour les en empêcher. Quand ils avaient tous tirés, l’alytarque, ou quelqu’un des hellanodices, prenait la ballote de chacun des champions rangés en cercle, la regardait, et appariait ceux qui avaient la même lettre. Si le nombre des athlètes était impair, celui qui avait la lettre unique entrait en combat contre le vainqueur ; ce qui n’était pas un petit avantage, parce qu’il se mesurait tout frais avec un homme déjà fatigué. (Bellanger.)

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