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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

chemin jusqu’au lieu de la résidence du roi. Mais, si l’on veut encore plus d’exactitude, il faut joindre à cette route celle d’Éphèse à Sardes. Ainsi l’on compte en tout de la mer des Grecs à Suses (c’est ainsi qu’on appelle la ville de Memnon) quatorze mille quarante stades ; car il y en a cinq cent quarante d’Éphèse à Sardes ; et par cette addition, ce chemin de trois mois se trouve allongé de trois jours.

LV. Aristagoras, chassé de Sparte, se rendit à Athènes, qui venait de recouvrer la liberté de la manière que je vais le dire. Hipparque, fils de Pisistrate et frère du tyran Hippias, eut en dormant une vision très-claire de son malheur. Il n’en fut pas moins tué par Aristogiton[1] et Harmodius[2], Géphyréens d’origine ; mais les Athéniens, loin d’être plus libres, furent gouvernés pendant quatre années d’une manière encore plus tyrannique qu’ils ne l’avaient été auparavant.

LVI. Voici quelle fut la vision d’Hipparque. Il crut voir, la première nuit des Panathénées[3], un grand homme beau et bien fait, debout près de lui, qui lui disait ces vers énigmatiques : « Lion, supporte courageusement ton sort intolérable : nul homme ne peut éviter la punition qu’il a méritée par son injustice. »

Dès que le jour parut, il communiqua publiquement sa vision aux interprètes des songes ; et après avoir fait des

  1. Hipparque fut tué la troisième année de la soixante-sixième olympiade. Lorsqu’il fut tué, il possédait la tyrannie selon l’opinion la plus commune des Athéniens. (L.)
  2. Les ancêtres d’Aristogiton et d’Harmodius étaient Géphyréens. Les Géphyréens faisaient partie de ces peuples qui suivirent Cadmus en Béotie, où ils s’établirent dans le canton qu’on appelait le Tanagrique. En ayant été chassé par les Béotiens, ils se retirèrent à Athènes, où ils furent admis au nombres des citoyens à de certaines conditions. (Voyez dans Thucydide, liv. vi, l’histoire de ces deux jeunes gens.)
  3. Les Panathénées étaient une fête instituée en l’honneur de Minerve. Il y avait les petites et les grandes Panathénés. L’origine des petites remonte à Thésée. Lorsque ce prince réunit tous les petites peuples de l’Attique dans la ville d’Athènes, il y établit la fête des Panathénées, qui était commune à toute la nation. Elle se célébrait tous les ans, le 14 du mois d’hécatombéon, qui correspond au 27 juillet. Son institution est de l’an 3398 de la période julienne, 1316 ans avant l’ère vulgaire. Les grandes Panathénées se célébraient tous les cinq ans, la troisième année de chaque olympiade. (L.)