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TERPSICHORE, LIVRE V.

expiations pour en détourner l’effet, il conduisit la procession solennelle où il perdit la vie.

LVII. Les Géphyréens, de qui descendaient les meurtriers d’Hipparque, étaient, comme ils le disent eux-mêmes, originaires d’Érétrie ; mais j’ai découvert par mes recherches qu’ils étaient Phéniciens, et du nombre de ceux qui accompagnèrent Cadmus lorsqu’il vint s’établir dans le pays qu’on appelle actuellement Béotie, et que le territoire de Tanagre leur était échu en partage. Les Cadméens furent d’abord chassés par les Argiens ; les Géphyréens l’ayant ensuite été par les Béotiens, ils se retirèrent chez les Athéniens, qui les admirent au nombre de leurs concitoyens, à condition qu’ils ne pourraient prétendre à plusieurs choses qui ne méritent pas d’être rapportées.

LVIII. Pendant le séjour que firent en ce pays les Phéniciens qui avaient accompagné Cadmus, et du nombre desquels étaient les Géphyréens, ils introduisirent en Grèce plusieurs connaissances, et entre autres des lettres qui étaient, à mon avis, inconnues auparavant dans ce pays. Ils les employèrent d’abord de la même manière que tous les Phéniciens. Mais, dans la suite des temps, ces lettres changèrent avec la langue, et prirent une autre forme. Les pays circonvoisins étant alors occupés par les Ioniens, ceux-ci adoptèrent ces lettres, dont les Phéniciens les avaient instruits, mais ils y firent quelques légers changements. Ils convenaient de bonne foi, et comme le voulait la justice, qu’on leur avait donné le nom de lettres phéniciennes parce que les Phéniciens les avaient introduites en Grèce. Les Ioniens appellent aussi, par une ancienne coutume, les livres des diphthères[1], parce qu’autrefois, dans le temps que le biblos (le papyrus) était rare, on écrivait sur des peaux de chèvre et de mouton ; et, encore à présent, il y a beaucoup de Barbares qui écrivent sur ces sortes de peaux.

LIX. Moi-même j’ai vu aussi, à Thèbes en Béotie, des

  1. C’est-à-dire des peaux, du parchemin. « Une loi, dit Diodore de Sicile, ordonnait, chez les Perses, d’écrire l’histoire sur des peaux. On les appelait les diphtères royales. » Ces diphtères contenaient les annales de la nation, et se déposaient dans les archives royales. (Bellanger.)