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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

vaisseaux à Coresse[1], dans le territoire de cette ville, et, ayant pris avec eux des Éphésiens pour leur servir de guides, ils s’avancèrent dans les terres avec des forces considérables. Ils suivirent les bords du Caystre, passèrent le mont Tmolus, et arrivèrent à Sardes. Comme ils ne trouvèrent point de résistance, ils prirent cette place, excepté la citadelle, qu’Artapherne défendait avec une garnison nombreuse.

CI. Un accident garantit cette ville du pillage. La plupart des maisons étaient de cannes et de roseaux, et toutes celles qui étaient en briques étaient couvertes de roseaux. Un soldat ayant mis le feu à une de ces maisons, l’incendie se communiqua aussitôt de proche en proche, et la ville fut réduite en cendres. Pendant qu’elle était en proie aux flammes, les Lydiens, et tout ce qu’il y avait de Perses à Sardes, se voyant pris de tous côtés, et ne trouvant point d’issue pour s’échapper, parce que le feu avait déjà gagné les extrémités de la ville, se rendirent en foule sur la place, et sur les bords du Pactole, qui la traverse par le milieu. Ce fleuve roule dans ses eaux des paillettes d’or qu’il a détachées du Tmolus, et au sortir de Sardes il se jette dans l’Hermus, et l’Hermus dans la mer. Les Perses et les Lydiens, entassés dans la place et sur les bords de cette rivière, furent forcés de se défendre. Les Ioniens, voyant les uns se mettre en défense et les autres marcher à eux en grand nombre, furent effrayés, et se retirèrent vers le mont Tmolus, d’où ils partirent la nuit pour se rendre à leurs vaisseaux.

CII. Le temple de Cybèle, déesse du pays, fut consumé avec la ville ; et cet incendie servit dans la suite de prétexte aux Perses pour mettre le feu aux temples de la Grèce. Sur la nouvelle de cette invasion, les Perses qui habitaient en deçà de l’Halys s’assemblèrent et accoururent au secours des Lydiens. Ils ne trouvèrent plus les Ioniens à Sardes ; mais, les ayant suivis sur leurs traces, ils les

  1. Coresse, nom d’une montagne assez élevée, distante d’Éphèse de quarante stades environ. Il y avait au pied de cette montagne un bourg du même nom, et une rade. (Miot.)