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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

rans de Cypre convoquèrent les commandants des Ioniens, et leur parlèrent en ces termes : « Ioniens, nous vous donnons le choix, nous autres Cypriens, d’attaquer les Perses ou les Phéniciens. Si vous voulez essayer sur terre vos forces contre les Perses, il est temps de quitter vos vaisseaux et de vous ranger en bataille ; et nous, après être montés sur nos vaisseaux, nous combattrons contre les Phéniciens ; si vous aimez mieux attaquer les Phéniciens, faites-le. Mais, quel que soit votre choix, songez que de vous dépend la liberté de Cypre et de l’Ionie. »

« Princes de Cypre, répondirent les Ioniens, le conseil commun de l’Ionie nous a envoyés pour garder la mer, et non pour remettre nos vaisseaux aux Cypriens, et pour combattre nous-mêmes à terre contre les Perses. Nous tâcherons de faire notre devoir dans le poste où l’on nous a placés. Pour vous, rappelez-vous le dur asservissement où vous ont tenus les Mèdes, et combattez en gens de cœur. »

CX. Les ennemis étant arrivés après cela dans la plaine de Salamine, les rois de Cypre choisirent les meilleurs soldats de Salamine et de Soles pour les opposer aux Perses, et rangèrent leurs autres troupes contre le reste de l’armée. Quant à Onésilus, il se plaça lui-même vis-à-vis d’Artybius, général des Perses.

CXI. Artybius montait un cheval instruit à se dresser contre un homme armé. Onésilus, qui en fut averti, en parla à son écuyer, Carien de nation, homme plein de courage, et très-entendu dans l’art de la guerre. « J’apprends, lui dit-il, que le cheval d’Artybius se dresse, et que des pieds et des dents il tue celui contre lequel on le pousse. Faites sur-le-champ vos réflexions là-dessus, et dites-moi lequel vous aimez mieux observer et frapper, du maître ou du cheval. Seigneur, répondit l’écuyer, je suis prêt à faire l’un et l’autre, ou l’un des deux, et absolument tout ce qu’il vous plaira de m’ordonner. Je vous dirai cependant ce qui me paraît convenable à vos intérêts. Je pense qu’un roi et un général doivent combattre contre un roi et un général. Si vous tuez un général, il en résultera pour vous une grande gloire ; s’il vous tue (ce