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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

forma les lois anciennes, et prit des mesures contre la transgression des nouvelles. Il régla ensuite ce qui concernait la guerre, les énomoties[1], les triacades[2] et les syssities[3]. Outre cela, il institua les éphores[4] et les sénateurs[5].

LXVI. Ce fut ainsi que les Lacédémoniens substituèrent des lois sages à leurs anciennes coutumes. Ils élevèrent à ce législateur un temple après sa mort, et lui rendent encore aujourd’hui de grands honneurs[6]. Comme ils habitaient un pays fertile et très-peuplé, leur république ne tarda pas à s’accroître et à devenir florissante. Mais, ennuyés du repos et se croyant supérieurs aux Arcadiens, ils consultèrent l’oracle de Delphes sur la conquête de l’Arcadie. La Pythie répondit : « Tu me demandes l’Arcadie ; ta demande est excessive, je la refuse. L’Arcadie a des

  1. Corps de troupes de cinquante hommes.
  2. C’est ce que nous appelons dans nos troupes une chambrée.
  3. Les repas communs.
  4. Les éphores étaient au nombre de cinq. On procédait à leur élection tous les ans, le 8 d’octobre. Ils étaient pris dans la classe du peuple. Le premier s’appelait éphore éponyme ; son nom servait à désigner l’année, de même qu’à Athènes celui d’archonte éponyme ; et l’on disait à Lacédémone : Un tel étant éphore. Ils avaient la même autorité que les cosmes de Crète, avec cette différence qu’ils n’étaient que cinq, comme je viens de le remarquer, et qu’il y avait dix cosmes en Crète. Ils servaient de contre-poids à l’autorité des rois, et même ils les jugeaient avec les sénateurs. Comme ils étaient en quelque sortent supérieurs aux rois, ils ne se levaient pas quand ces princes venaient dans un lieu où ils se trouvaient. Cléomènes les fit massacrer, environ 226 ans avant notre ère ; et je crois que depuis il n’est plus question d’eux dans l’histoire. (L.)
  5. Lycurgue ayant remarqué que les princes de sa maison, qui régnaient à Argos et à Messène, étaient dégénérés en tyrans, et qu’en détruisant leurs États ils se détruisaient eux-mêmes, craignant le même sort pour sa ville et pour sa famille, il établit le sénat et les éphores, comme un remède salutaire à l’autorité royale. Les sénateurs étaient au nombre de vingt-huit. Outre cela il y avait cinq nomophylaques, ou gardiens des lois, qui étaient appelés hidiéens ; mais j’ignore par qui ils furent établis. Cependant on pourrait conjecturer qu’ils le furent par Lycurgue. (L.)
  6. Les Lacédémoniens ayant fait serment de n’abroger aucune des lois de Lycurgue avant son retour à Sparte, ce législateur alla consulter l’oracle de Delphes, qui lui répondit que Sparte serait heureuse tant qu’elle observerait ses lois. Là-dessus il résolut de n’y plus retourner, afin d’assurer l’observation des lois à laquelle ils s’étaient engagés par serment. Il se rendit à Crisa, où il se tua.