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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

Les mages diffèrent beaucoup des autres hommes, et particulièrement des prêtres d’Égypte. Ceux-ci ont toujours les mains pures du sang des animaux, et ne tuent que ceux qu’ils immolent aux dieux. Les mages, au contraire, tuent de leurs propres mains toutes sortes d’animaux, à la réserve de l’homme et du chien ; ils se font même gloire de tuer également les fourmis, les serpents et autres animaux, tant reptiles que volatiles. Mais, quant à cet usage, laissons-le tel qu’il a été originairement établi, et reprenons le fil de notre narration.

CXLI. Les Lydiens n’eurent pas plutôt été subjugués par les Perses, que les Ioniens et les Éoliens envoyèrent à Sardes des ambassadeurs à Cyrus, pour le prier de les recevoir au nombre de ses sujets aux mêmes conditions qu’ils l’avaient été de Crésus. Ce prince répondit à leur proposition par cet apologue : Un joueur de flûte, leur dit-il, ayant aperçu des poissons dans la mer, joua de la flûte, s’imaginant qu’ils viendraient à terre ; se voyant trompé dans son attente, il prit un filet, enveloppa une grande quantité de poissons qu’il tira sur le bord, et, comme il les vit sauter : « Cessez, leur dit-il, cessez maintenant de danser, puisque vous n’avez pas voulu le faire au son de la flûte. »

Il tint ce discours aux Ioniens et aux Éoliens, parce que, ayant fait auparavant solliciter les Ioniens par ses envoyés d’abandonner le parti de Crésus, il n’avait pu les y engager, et qu’il ne les voyait disposés à lui obéir que parce qu’il était venu à bout de toutes ses entreprises. Telle fut la réponse qu’il leur fit dans sa colère. Sur le rapport des députés, les Ioniens fortifièrent chacun leurs villes, et s’assemblèrent tous au Panionium, à la réserve des Milésiens, les seuls avec qui Cyrus fit un traité aux mêmes conditions que celles qui leur avaient été accordées par Crésus. Dans ce conseil, il fut unanimement résolu d’envoyer demander du secours à Sparte.

CXLII. Ces Ioniens, à qui appartient aussi le Panionium, ont bâti leurs villes dans la contrée la plus agréable que je connaisse, soit pour la beauté du ciel, soit pour la température des saisons. En effet, les pays qui environnent