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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

sont aussi Ioniens. Or, ils la célèbrent tous, excepté les Éphésiens et les Colophoniens, qui en ont été exclus à cause d’un meurtre.

CXLVIII. Le Panionium est un lieu sacré du mont Mycale, que les Ioniens ont dédié en commun à Neptune Héliconien. Il regarde le septentrion. Mycale est un promontoire du continent, lequel s’étend à l’ouest vers Samos. Les Ioniens s’y assemblaient de toutes leurs villes, pour célébrer une fête qu’ils appelaient Panionies[1]. Les fêtes des Ioniens ne sont pas les seules qui se terminent par la même lettre[2] ; elles ont cela de commun avec celles de tous les Grecs, et avec les noms propres des Perses[3].

CXLIX. Voilà ce que j’avais à dire concernant les villes des Ioniens. Celles des Éoliens sont : Cyme, qu’on appelle aussi Phriconis, Larisse, Néon-Tichos, Temnos, Cilla, Notium, Ægirousa, Pitane, Ægée, Myrine, Grynia. Ce sont là les onze anciennes villes des Éoliens. Ils en avaient douze aussi sur le continent ; mais les Ioniens leur enlevèrent Smyrne. Le pays de ces Éoliens est meilleur que celui des Ioniens ; mais, quant à la température des saisons, il n’en approche pas.

CL. Voici à quelle occasion les Éoliens perdirent Smyrne. Des Colophoniens, ayant eu du désavantage dans une sédition, avaient été obligés de s’expatrier. Les habitants de

    lui, pour voir si en effet il était suivi. Mélanthus profita de ce moment pour le tuer. Cette action lâche, qui aurait dû faire chasser ce prince, lui valut la couronne ; et, bien loin de la regarder comme une action infâme, des fêtes furent instituées en l’honneur de Jupiter Trompeur, afin d’en perpétuer la mémoire. (L.)

  1. Séduit par les idées ingénieuses du président de Montesquieu, de M. Goguet et de l’abbé de Mably, j’avais regardé l’assemblée des amphictyons comme la tenue des états généraux de la Grèce. L’assemblée des Ioniens au Panionium était certainement une amphictyonie, et en conséquence je l’avais envisagée comme la tenue des états généraux de l’Ionie ; et conséquemment j’avais considéré l’Ionie comme formant un corps fédératif. Mais très-certainement les Grecs, ni en Europe ni en Asie, ne connurent pas cette sorte de gouvernement avant l’an 284 avant notre ère, où les Achéens jetèrent les fondements de leur république, comme l’a démontré l’ingénieux et savant auteur des Anciens gouvernements fédératifs. Voyez les chapitres iv et v. (L.)
  2. Le nom des fêtes chez les Grecs se terminaient par un a, comme Apaturia, Panionia, etc.
  3. Les noms des Perses finissent par la lettre s.