Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

cette ville pour se jeter ensuite dans le Méandre. L’armée, étant partie de Colosses, arriva à Cydrara, sur les frontières de la Phrygie et de la Lydie, où une inscription gravée sur une colonne érigée par ordre de Crésus indiquait les bornes des deux pays.

XXXI. Au sortir de la Phrygie, il entra en Lydie. Dans cet endroit le chemin se partage en deux : l’un, à gauche, mène en Carie ; l’autre, à droite, conduit à Sardes. Quand on prend celui-ci, il faut nécessairement traverser le Méandre et passer le long de la ville de Callatébos, où des confiseurs font du miel avec du myrica[1] et du blé. En suivant cette route, Xerxès trouva un plane qui lui parut si beau, qu’il le fit orner de colliers et de bracelets d’or, et qu’il en confia la garde à un Immortel. Enfin le deuxième jour il arriva à la ville capitale des Lydiens.

XXXII. À peine fut-il arrivé à Sardes, qu’il envoya des hérauts dans la Grèce, excepté à Athènes et à Lacédémone, pour demander la terre et l’eau et pour ordonner que dans toutes les villes on eût soin de lui préparer des repas. Il les envoya sommer cette seconde fois de lui donner la terre et l’eau, parce qu’il pensait que ceux qui les avaient autrefois refusées à Darius, effrayés de sa marche, ne manqueraient pas de les lui offrir. Ce fut pour être instruit exactement de leurs intentions qu’il fit partir ces hérauts.

XXXIII. Pendant qu’il se disposait à partir pour Abydos, on travaillait à construire le pont sur l’Hellespont, afin de passer d’Asie en Europe. Dans la Chersonèse de l’Hellespont, entre les villes de Sestos et de Madytos, est une côte fort rude, qui s’avance dans la mer vis-à-vis d’Abydos. Ce fut en ce lieu que Xanthippe, fils d’Ariphron, général des Athéniens, prit, peu de temps après, Artayctès, Perse de nation et gouverneur de Sestos. On le mit en croix, parce qu’il avait mené des femmes dans le temple de Protésilas à Éléonte, et qu’il en avait joui dans le lieu saint, action détestable et condamnée par toutes les lois.

XXXIV. Ceux que le roi avait chargés de ces ponts les

  1. Le myrica des anciens est certainement notre tamarix, plante qui croît spontanément en France, en Italie, en Espagne et dans le Levant. (Miot.)