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Q.-C., VII, 4.) — Ils y arrivèrent… au nombre de trois cens dix-huit. (Fléch., Théod., II, 8.) — Il rendit doucement l’esprit le dix-septième de janvier de l’année trois cens quatre-vingts— quinze. (Id., Théod., IV, 77.) — Une armée de trois cens mille hommes. (La Bruy., I, 370.)

Cf. Il ne laissa pas de les mener battant l’espace de quatre-vingt stades. (Vaugel., Q.-C., VII, 9.) — Ces cinq cent livres… leur sont dues. (Maint., À Madame la Maréchale d’Albret, 1664.)

IV. L’ancienne langue se servait du singulier mil du latin mille ou du pluriel mille du latin millia, suivant qu’il s’agissait du singulier ou du pluriel. Cependant on peut constater une grande confusion dans l’emploi souvent arbitraire des deux termes mil et mille. Il en est de même au xviie siècle. — On écrivait aussi milles parce que mille évoquait l’idée du singulier[1].

Ex. : Trois mil deux cens hommes. (Malh., Introd. Gramm., V, XXVI, IV) (mais le texte porte « mille ».) — La bonne volonté qu’il a pour moi ne peut tirer de l’Épargne huit mil livres qui me sont dues. (Balz., Lettr., VI, 18.) — Quelques traités de controverse imprimés à Lyon l’année mille six cens vingt-trois. (Id., Socr. chrét., disc., X.) — L’année mille six cens dix-huit Monsieur le Landgrave de Hesse… fit un voyage. (Id., De la Cour, Avant-propos.) — Je vous conjure… de lui faire milles complimens. (La Rochef., Lettr., III, 114.)

Palsgrave (p. 371) érige en règle d’employer toujours mille, sauf pour la supputation des années où il faut écrire mil, ainsi que dans toute phrase où le mot an est immédiatement suivi de mil. (Mil neuf cens quatre vingts ans avant L’Incarnation ; et : L’an mil quatre cens cinquante.) Palsgrave exige aussi mil lorsqu’il précède le mot hommes (quatre-vingts mil hommes en armes, mais des hommes plus de cent mille). Les imprimeurs se trompent souvent et mettent mil à la place de mille et vice versa. Ainsi on trouve : trente deux milles combattans, ce qui est tout à fait irrégulier. Vaugelas (II, 111) rejette aussi l’s. Th. Corneille cite Ménage qui exige mil seulement pour la supputation des années (I, 478). Il est d’accord avec Bouhours (II, p. 416) pour blâmer les expressions : je lui ai milles obligations, il m’a fait milles amitiés, comme des fautes très fréquentes chez les femmes. D’après Bouhours, milles occasions ne peut être qu’une faute d’impression.

  1. On écrit aujourd’hui mille toutes les fois qu’il ne s’agit pas de la date des années. Lorsqu’il s’agit de la date des années, ou écrit mil au singulier et mille au pluriel.