Page:Haase - Syntaxe française du XVIIe siècle.djvu/27

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sieur, je crois que la dernière lettre que vous avez eue de moi, l’a été par un nommé Étienne (Malh., III, 156) où le pronom le est employé comme s’il était précédé d’une phrase sous-entendue : qui vous a été apportée de ma part.

§ 8. L’ancienne langue n’exprimait pas toujours les nominatifs des pronoms atones, sujets du verbe ; l’usage de les exprimer ne s’établit que peu à peu à une époque ultérieure. Au xvie siècle on les omet encore couramment, tandis qu’au xviie siècle, sauf quelques exceptions, l’emploi en est presque général. Chez Malherbe on trouve encore quelques traces de l’ancienne liberté. Scarron en use dans son Typhon et dans son Virgile, et La Fontaine surtout s’en sert dans presque tous ses écrits, ses Contes, ses Fables, et quelquefois même dans ses Lettres. — Beaucoup d’écrivains ne suppriment jamais, tandis que d’autres suppriment parfois :

A. le pronom de la 1re personne ;

Ex. : N’ai-je jamais vu personne qui se soit tué soi-même ? Si ai. (Malh., II, 383.) — On pensera peut-être que je craigne les antagonistes. Non fais. (Id., IV, 93.) — Il est de retour et crois que cette brouillerie est apaisée. (Id., III, 182.) — Caliste, en cet exil j’ai l’âme si gênée, Qu’au tourment que je souffre il n’est rien de pareil ; Et ne saurois ouïr ni raison ni conseil. (Id., I, 139, 3.) — Une chose mal donnée ne sauroit être bien due ; et ne venons plus à temps de nous plaindre quand nous voyons qu’on ne nous la rend point. (Id., II, 2.) — Gage qu’il se dédit. (Mol., L’Ét., III, 3.) — Non ferai, de par tous les diables ! (Id., L’Av., V, 3.) — Quoi, tu ne me connois pas ? — Non... Et n’en ai pas la moindre envie. (Id., Amph., III, 2, 1503.) — Mangez-vous bien, monsieur ? — Oui, et bois encore mieux. (Id., M. de Pourc., I, 8.) — N’avez-vous jamais vu donner la question ? — Non ; et ne le verrai, que je crois, de ma vie. (Rac, Plaid., III, 4, 849.) — Ma manière est fort bonne, et n’en veux point changer. — (Regn., Le Distrait, IV, 7.) Ma femme est à moi seul, et n’en veux qu’à ce prix. (Id., Les Souhaits, sc. 8.) — Cf. chez La Fontaine : L’Âne un jour pourtant s’en moqua : Et ne sais comme il y manqua. (Fabl., VIII, 17, 3.)— Voilà ce qu’il m’a dit, et tiens qu’il a raison. (L’Eun., IV, 3, 1211.) — Adieu, mon cher ami, t’en dirois beaucoup davantage, si j’avois l’esprit tranquille (Lettre à M. de Maucroix, sept. 1662) ; aussi quelques passages dans les Contes, où la construction même favorise ou provoque l’omission du pro-