Page:Haase - Syntaxe française du XVIIe siècle.djvu/34

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III, 8.) — Tout beau, demeurons là, ne marchons pas si vite. (La Font., Eun., II, 4, 593) — Tant que vous vous tiendrez aux muets interprètes. (Mol., F. sav., I, 4, 284.) — Puis-je mais ? (Mol., Mis., III, 4, 994.) — Puis-je mais si un dieu me voit ? (La Font., Psy., II, p. 174.) — Cependant, malheureux, à qui me dois-je prendre D’une accusation que je ne puis comprendre ? (Corn., Clit., IV, 7, 1229.) — C’est ainsi qu’aux flatteurs on doit partout se prendre Des vices où l’on voit les humains se répandre. (Mol., Mis., II, 4, 665.) — Il lui dit qu’on se prendroit à lui de cette fuite. (La Rochef., Mém., II, 35.) — Je veux bien aussi me rapporter à toi, maître Jacques, de notre différend. (Mol., L’av., IV, 4.) — Je me rapporte aux yeux d’une Ourse mes amours. (La Font., Fabl., XII, 1, 72.) — Las de combattre, ils convinrent de se rapporter au jugement du peuple romain. (Boss., Hist., III, 6.) — Et je sais ce qu’il coûte à de certaines gens Pour avoir pris les leurs (femmes) avec trop de talens. (Mol., Éc. d. f., I, 1, 85.) — Il ne coûta rien aux Athéniens d’abandonner leur ville au pillage. (Boss., Hist., III, 5.) — Il ne lui coûte rien d’être modeste. (La Bruy., I, 354.) — Octave aura donc vu ses fureurs assouvies, Pillé jusqu’aux autels, sacrifié nos vies, Rempli les champs d’horreur, comblé Rome de morts, Et sera quitte après pour l’effet d’un remords ! (Corn., Cinna, II, 2, 656.)

Vaugelas (I, 366) condamne l’emploi de en dans la phrase : il en est des hommes comme des animaux, tandis que Patru, Bouhours (I, p. 587), Th. Corneille et l’Académie l’approuvent. D’autre part Vaugelas (II, 415) blâme l’omission du en dans la phrase de Malherbe : C’est fait, belle Calliste, il n’y faut plus penser, et veut qu’on dise : C’en est fait ; Bouhours (II, p. 135) exige qu’on l’exprime dans les locutions suivantes : s’en prendre à quelqu’un ; on en était venu si avant ; je n’en puis mais ! je ne sais où j’en suis ; il nous en prend bien ; s’en tenir là.

B. Le pronom en se rapporte à une phrase entière et marque une cause. Cette tournure était très fréquente dans l’ancienne langue[1].

Ex. : Avecque sa beauté toutes beautés arrivent… ; Les bois en ont repris leur verdure nouvelle ; L’orage en est cessé. (Malh., I, 157, 20 et 21.) — Ma vue commence à se baisser et m’en empêche le jugement. (Id., III, 47.) — Certes s’il n’est infecté (l’air)

  1. Cet emploi de en n’a pas encore disparu tout à fait de la langue actuelle ; v. Darmesteter-Sudre, § 399, p. 57.