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Au xviie siècle, y tenait couramment la place des pronoms de la 1re et de la 2e pers. et, dans une mesure bien plus large qu’aujourd’hui, celle des pronoms de la 3e pers.

Ex. : Ce sont choses qu’il faut avoir auprès de nous, mais non pas les y coller... (Malh., II, 573.) — Quand je serois en assez forte considération auprès de vous pour y rendre de bons offices à quelqu’un, j’aurois, etc. (Balz., Lettr., V, 11.) — J’ai cru qu’il y avoit des choses hors de moi qui... envoyoient en moi leurs idées ou images, et y imprimoient leurs ressemblances. (Desc., Médit., III.) — Tous les princes du monde seront trop peu de chose pour aspirer à vous ; les dieux seuls y pourront prétendre. (Mol., Les Am. magn., II, 3.) — Il n’y a homme au monde qui soit à vous si véritablement que j’y suis. (La Rochef., Lettr., III, 138.) — Rien ne peut me distraire de penser à vous, j’y rapporte toutes choses. (Sév., VI, 318.) — Il faut donc que l’idée de l’infini me soit venue du dehors et je suis même bien étonné qu’elle ait pu y entrer. (Fén., Exist., II, 2, 2.) — M’obligerai-je à un méchant ? Si je m’y oblige, que ferai-je pour m’en acquitter ? (Malh., II, 35.) — Qu’il se donne à Mandane, il n’aura plus de crime. — Qu’il s’y donne, Madame, et ne m’en dise rien. (Corn., Sur., IV, 2, 1143.) — Je vois ce qu’il prétend auprès de l’Empereur. De ce qu’il me demande il m’y feroit un crime. (Id., Pol., V, 1, 1463.) — Ils ont trompé le diable à force de s’y abandonner. (Pasc., Prov., IV.) — Oui, oui, je te renvoie à l’auteur des Satires. — Je t’y renvoie aussi. (Mol., F. sav., III, 3, 1027.) — (Mazarin) crut que, si j’étois fort bien avec M. le Prince, je ne manquerois pas de l’y servir. (La Rochef., Apol., II, 454.) — Par rapport à lui, qu’on ne peut connoître sans s’y attacher, etc. (Sév., IX, 99.) — Dieu conduit tout, il n’y a qu’à s’y abandonner. (Maint., Corr., IV, 345.) — Que ne répondez-vous à l’amour du Prince ? Et que me serviroit de m’y attacher ? (Rac., Plan d’Iph. en Taur., I, 1.) — Dieu les rapporte à soi, en exigeant d’eux qu’ils s’y rapportent eux-mêmes volontairement. (Fén., Lettr. sur la relig., Culte intér. et extér.)

Vaugelas (I, 177), avec lui Th. Corneille et l’Académie, blâment la tournure : « J’ai remis les hardes de mon frère à un tel, afin qu’il les y donne », comme une faute usuelle dans le langage des courtisans.

Remarque III. On n’emploie pas davantage dans la langue actuelle y dans le sens d’un datif se rapportant à des noms de choses, comme dans : Ils comptent les défauts pour des perfections, Et savent y donner de favorables noms. (Mol., Mis., II, 4, 716.) — La grâce de la nouveauté est à l’amour ce que la fleur est sur les fruits : elle y donne un